Je travaille. J’ai travaillé. Je travaillerai. Travailler à tous les temps de l’indicatif.
Dessins et texte – Courtesy de l’artiste.
Par Mathieu Dubois, plasticien.
Site web : Editions de l’imparfait.
Tu fais quoi dans la vie ?
Je gagne ma vie moi monsieur !
Je travaille. J’ai travaillé. Je travaillerai. Travailler à tous les temps de l’indicatif.
Le jour je suis au travail.
La nuit je pense au travail.
Le jour quand je ne suis pas au travail, le travail pense à moi.
Nous sommes nés, avons grandi et mourrons dans l’obsession du travail. D’une valorisation par celui-ci, d’une reconnaissance, d’une socialisation et enfin de l’obligation irréfutable qui nous est adressée de gagner de l’argent. Le travail valeur ultime. Refuge à tant de frustrations, propice à une libération ? À une amélioration de la vie ?
A la question habituelle :
– « qu’est ce qu’il devient ? ».
On s’entend répondre avec une assurance joyeuse :
– « il a trouvé du travail ! »
où à l’inverse, avec une mine d’enterrement :
– « il a perdu son travail… ».
Aujourd’hui , le travail stigmatise certaines classes sociales, certaines professions, auréolent de respect d’autres comme celle d’acteur par exemple. Par une médiatisation à outrance, on a affaire à une idéalisation du travail du policier, du pompier, du militaire pour n’en citer que quelque uns, à travers des séries, des films, les journaux, internet. De même, le statut de chanteur-songwriter est placé sur un piédestal.
Mais le travail est aussi et avant tout, rencontre de l’autre dans un projet commun, une émulation, un dépassement de sa propre personne, acquisition de savoirs, donc enrichissement. Il est un but, une reconstruction, un cadre.
Au fil des jours, parfois des nuits, il est un vivre ensemble et à ce titre, il conserve sa force, et son actualité, dans une mutation très rapide de ses caractéristiques.
Mais excusez moi, là, je vous quitte.
Je vais travailler.